CONCERT-BÉNÉFICE de CORNELIUS HOLDERMANN le 14. nov 2021

CONCERT-BÉNÉFICE de CORNELIUS HOLDERMANN le 14. nov 2021 1024 589 Sylvie Brunner

CONCERT-BÉNÉFICE de CORNELIUS HOLDERMANN

à Oltingue le 14. nov 2021

CONCERT-BÉNÉFICE de CORNELIUS HOLDERMANN

à Oltingue le 14. nov 2021

Sensible à l’œuvre d’AFRIQUE FUTURE, l’organiste allemand Cornelius HOLDERMANN, de renommée internationale, a offert à l’association un merveilleux concert sur l’orgue CALLINET de l’église Saint Martin d’OLTINGUE (près de Ferrette, en Alsace). Celui-ci a eu lieu le dimanche 14 novembre 2021 à 16h30.

Monsieur Cornelius Holdermann est originaire de Schopfheim, une commune appartenant au district de Lôrrach dans le Bade -Wurtemberg, qui est la région frontalière située à l’extrême sud-ouest de la Forêt-Noire.

Formé au conservatoire supérieur de Karlsruhe, il s’est perfectionné  auprès de prestigieux professeurs tels que Marie-Claire Alain et Daniel Roth à Paris, Nicholas Danby à Londres ou encore Luigi F. Tagliavini à Bologne.

Kapellmeister, enseignant à son tour, il est en outre à l’origine d’un festival international d’orgue et de chant choral. Sa vie est émaillée de nombreux concerts donnés dans les plus belles églises ou cathédrales d’Europe.

A travers le programme qu’il a spécialement préparé pour ce concert, Cornelius Holdermann a invité ses auditeurs à voyager entre la période de la Renaissance et l’époque contemporaine. En faisant fi des frontières, ce musicien cosmopolite a toujours à cœur de faire découvrir la diversité des musiques et plus particulièrement celle des œuvres dédiées à l’orgue. La forme de la variation joue un rôle central, en particulier lorsqu’il s’agit de présenter dans leur langage sonore, les tonalités typiques des orgues Callinet.

Les frères Callinet sont des facteurs d’orgues célébrissimes et très prolifiques, installés à Rouffach. Ils ont créé, au cours du 19e siècle, 150 instruments comme autant de chefs-d’œuvre, dont une soixantaine existe encore. Classé monument historique, construit en 1843, celui d’Oltingue est l’un des plus beaux et des plus authentiques d’Alsace. Ajoutons que cette région comprend une des plus fortes concentrations d’orgue du monde.

Pour le concert particulier, M. Holdermann a souhaité enrichir sa prestation de commentaires bien placés entre les groupes d’œuvres interprétées qui correspondent à autant de périodes musicales. Il a écrit son texte en allemand, Anita l’a traduit en français et Sylvie les a présentés au public. Nous vous les proposons dans la suite. La soirée a débuté par une allocution de la Présidente d’AFRIQUE FUTURE, Bernadette Escher, traduite en allemand par Lucien Blech.

LA RENAISSANCE

“Située entre le Moyen Age et l’ère moderne, la Renaissance s’étend principalement durant le 15e et le 16e siècle.  A cette époque apparait la première musique pour instruments à clavier. Le Flamand Abraham van Kerckhoven, compose alors des suites, formées de plusieurs mouvements de danse, rehaussés de cris et de sauts. A l’origine, les partitions de danses sont notées dans une écriture phonétique comprenant des lettres d’argile (ce sont les tabulations). Monsieur Holdermann a choisi six de ces danses et il les a transcrites pour son instrument, l’orgue.

Abraham van Kerckhoven (1618-1702) (NL) Suite de danses (arr : C. Holdermann)

Nous y sommes …  Mesdames et Messieurs, faisons une ovation à Cornelius Holdermann !”

LA PERIODE BAROQUE OU ROCOCO

La période musicale baroque s’étend des années 1600 à 1750 environ. Elle est représentée par trois compositeurs célèbres.

Evidemment, Jean Sébastien Bach (1685-1750) dont vous entendrez l’arrangement pour chœur de “Nun danket alle Gott” de la Cantate de la Réforme n° 79 “Gott, der Herr, ist Sonn und Schild“.

Ensuite Johann Pachelbel (1653-1706). Au cours des dernières semaines de l’année liturgique, de nombreuses personnes se souviennent de leurs défunts, en particulier de leurs ancêtres tués lors des guerres mondiales. Les variations de Johann Pachelbel sur un chant funèbre, choral de la mort “Christus, der ist mein Leben” en sont le symbole.

Enfin, Georges Frédéric Haendel (1685-1759), né en Allemagne de l’Est, musicien cosmopolite et pourtant, considéré comme un compositeur anglais. Il a écrit des concertos virtuoses pour orgue et orchestre et il les a souvent joués en tant qu’interludes à ses oratorios. Du 1er Concerto pour orgue en sol mineur, nous entendrons l’Allegro enjoué, transcrit pour orgue seul.

LA MUSIQUE CLASSIQUE

Le concert se poursuit avec deux grands représentants de la musique d’orgue française Claude Balbastre (organiste titulaire de la cathédrale Notre-Dame-de Paris) et Alexandre Pierre François Boëly (organiste virtuose et compositeur).

Claude Balbastre (1724-1799) est connu pour ses compositions de Noël. Les Noëls, qui sont en fait des variations de chants de Noël français bien connus, constituent un genre à part entière dans la musique d’orgue. Lors de la Révolution française, Claude Balbastre a sauvé le grand orgue Cliquot de Notre-Dame de Paris d’une destruction imminente en y jouant un Noël dans un style galant, ornementé d’improvisations héroïques de la Marseillaise.

Alexandre Pierre François Boëly (1785-1858) a écrit près de 300 œuvres pour orgues ainsi que de nombreuses compositions pour piano. Alors qu’il appartient à la période romantique et contrairement à d’autres organistes tel qu’Alfred Lefébure-Wély, il refuse d’adopter ce style musical selon lui facile, quelque peu opératique, destiné à un public de plus en plus avide de frivolités.

Musicien discret et intègre, Boëly, par son style de composition mature, a perpétué le style des périodes baroque et classique françaises en lui donnant une validité et une reconnaissance renouvelées. Ses illustres élèves se nomment César Franck et Saint-Saens. A l’origine de l’exceptionnelle position de la musique d’orgue française au 19e et au 20e siècle, Boëly ouvre la voie à Charles-Marie-Widor, à Louis Vierne et à Marcel Dupré. Les grands orgues symphoniques construits à cette époque par la célèbre manufacture parisienne Cavaillé-Coll contribuent grandement à cette réputation.

Cornelius Holdermann a choisi le dernier mouvement Kyrie de la “Messe du jour de Noël” dans un registre Grand Chœur.

Un regard sur l’Europe du Sud montre que le style classique était également répandu au 19e siècle dans la péninsule ibérique, en Espagne et au Portugal. Fondateur du conservatoire de Lisbonne, João Domingos Bomtempo (1775-1842) a vécu à Paris en tant que compositeur durant 8 années. Sa “Toccatina portuguesa” reflète la joie de jouer de la musique classique.

Le style joyeux et optimiste du classicisme viennois s’exprime aussi pleinement dans les sonates d’église de Mozart (1756-1791). Celles-ci ont été conçues pour servir de courts intermèdes musicaux entre les lectures de la messe. La version originale de la sonate d’église en Ré majeur pour orgue et orchestre a été transcrite pour orgue seul par Cornelius Holdermann.

L’ERE MODERNE

Les orgues Callinet ne sont pas spécifiquement conçus pour la musique propre à la période romantique. Pour ce style, ils devraient posséder des registres caractéristiques ainsi qu’un dispositif nommé “Récit”.

Pour cette raison, nous passons directement du classique au moderne, en plongeant dans l’harmonie et dans la rythmique du jazz. Titulaire du grand orgue du Tabernacle, qui est la salle de concert des Mormons à Salt Lake City, l’organiste américain Richard Eliott (*1957), a composé plusieurs charmantes variations de la célèbre mélodie entendue dans le spiritual “Amazing grace“.

Puis un rythme pair en 4/4 passant à un rythme impair en 5/4, de nombreuses modifications dans l’accentuation, et voilà qu’Eliott encore transforme notre bien connu chant de Noël « Les anges dans nos campagnes » en une toccata ample et entraînante.

Cornelius Holdermann (*1954) nous propose maintenant trois de ses improvisations :

La première résonne dans le style des airs de trompettes, un genre spécifiquement joué à l’orgue en Angleterre depuis des siècles. La mélodie principale est donc confiée au registre des trompettes.

Pour la suivante, Monsieur Holdermann jouera des variations d’inspiration jazzique sur le chant d’église moderne « Donne-nous la paix tous les jours ». Il souhaite relier cette œuvre au Jour de l’Armistice en France et au Jour des Morts en Allemagne. N’oublions pas que le traité de l’Elysée nous rappelle la réconciliation de la France et de l’Allemagne survenue il y a presque 60 ans.

Dans la troisième improvisation, il suggère le prochain temps de l’Avent avec un prélude choral « Réveillez-vous, nous appelle la voix ». Ce motif, tiré de la similitude des vierges intelligentes ou stupides, se trouve sur de nombreux portails de cathédrales européennes telles celle de Strasbourg et celle de Fribourg.

Nous nous approchons de la fin de ce concert. Le célèbre chant du soir et d’église “Der Mond ist aufgegangen” (La lune s’est levée) constitue la base de trois arrangements, harmoniquement distincts, du compositeur contemporain Andreas Willscher (*1955).

Sa composition “Fiesta Patronal” vise à reproduire l’ambiance joyeuse et animée à la fois d’une foire paroissiale et d’une fête patronale mexicaine. Elle constitue également un hommage à la fête patronale de l’église paroissiale Saint-Martin d’Oltingue, qui est célébrée chaque 11 novembre.

Merci à Monsieur le Maire et à toute l’équipe d’Oltingue, Merci à vous tous, nous vous souhaitons une excellente soirée, un bon retour. Merci infiniment à Monsieur Holdermann qui termine avec Andréas Willscher, merci.