EXTRAITS DU BULLETIN ANNUEL 2022 (N°42) 🗓

EXTRAITS DU BULLETIN ANNUEL 2022 (N°42) 🗓

EXTRAITS DU BULLETIN ANNUEL 2022 (N°42) 🗓 1024 375 Sylvie Brunner

Chers Amis,

La proximité de Noël provoque dans la plus grande partie du monde lumières et plaisirs sinon joie quel que puisse en être le sens ou l’absence de sens.

Cette continuité qui semble échapper aux circonstances m’interroge sur ce qu’elle révèle et j’en arrive à la conclusion somme toute partielle que l’homme ne saurait vivre sans espérance.

Sans l’espérance en Dieu et en l’homme, nos populations se heurteraient assurément à une forme de néant.

Récemment, les femmes de la « SOFRAAF » d’Afrique Future et leurs compatriotes rurales

du diocèse d’Eséka m’ont touché, profondément.

Afrique Future et le diocèse se sont unis dans le but de promouvoir l’évolution de la femme chez nous et j’ai assisté à l’évaluation des activités de l’année 2021.

En cette année, Afrique Future a octroyé un financement de 12.000 euros qui a servi essentiellement à acheter des semences (très chères au Cameroun) et à défricher des terrains destinés à l’agriculture (besoins d’aides « extérieures »).

L’engagement enthousiaste de ces femmes était saisissant. S’il est exact que la « SOFRAAF » existe et bénéficie depuis de longues années du soutien indéfectible d’Afrique Future, il reste que l’amélioration de vie est lente, trop lente à mon gré.

Je rêve tant de pistes praticables, de passages réguliers de taxis de brousse, des possibilités multipliées de ventes des produits transformés par « nos » moulins à huile et à céréales !

Mon impatience a rencontré la persévérance des femmes, leur espérance qui s’est faite certitude au cours du temps.

Elle a failli se muer en tristesse lorsque les bougies allumées de la couronne d’Avent se sont imposées, subitement.

Je n’oubliais évidemment pas Noël mais il me fallait intégrer les soucis matériels dans mon cheminement spirituel. Oui, chers amis, Dieu est là, toujours, il attend notre attention, notre disponibilité.

Je sais les difficultés improbables et les risques auxquels vous êtes confrontés actuellement. Tels les « femmes de chez nous », ayez courage et participez à l’émergence de lendemains autres !

Je prie avec et pour vous, je vous souhaite du fond du cœur la paix de Noël, la paix intérieure qui génère la paix entre les peuples.

Heureux de partager dans la confiance fraternelle, je vous assure de ma gratitude pour votre fidélité et vous souhaite de vivre Noël véritablement comme l’événement qui de toujours à toujours change  les perspectives pour l’humanité entière,  je forme aussi des vœux pour l’an neuf, que Marie nous garde  en sa divine bienveillance.

Père Emmanuel

                                                          ___________________________________________________

 

Madame, Monsieur,

Cher Amis,

Voici que s’écrit le 42ème bulletin, voici qu’approche le 35ème anniversaire d’Afrique Future, et voici que se réitèrent les préparatifs de Noël.

Le temps suit son cours, invariablement et, de concert, nous nous plaignons de son rythme effréné.

Que deviennent alors les pensées, celles qui virevoltent dans nos têtes avant de féconder nos cœurs d’une joie venue d’ailleurs ?  Elles nous disent non nos actes mais leurs fruits, elles nous racontent « notre » Cameroun en écoles et en hôpitaux, en pistes et en ponts, en soutiens divers, en humanité.

Notre générosité a pris corps en scolarisation, en soins de santé, en salaires faisant vivre au-delà de la cellule familiale, en faisceaux éclairant le présent différemment, en émergences de rêves et en prises d’initiatives.

Et les lumières de Noël prennent sens, et nous accueillons le message de Noël en Jésus, Dieu fait homme par amour pour chaque humain, pour le monde.

Un regard différent se pose sur nos préoccupations voire sur nos exigences pour laisser place aux manques affectifs et aux besoins vitaux de l’Autre, autre au point que nous ne le voyons pas alors que Dieu le propose à nos rencontres.

Notre vie se fait ouverture, aventure, hors de la solitude et des matins chagrins parce que nous sommes espérés, attendus, parce que nous ne saurions être absents.

Merci du fond du cœur à vous qui êtes présents fidèlement, à vous qui œuvrez à la dynamique d’une fraternité essence-même d’« Afrique Future » !

Que l’annonce de Vie portée par la Crèche vous réjouisse, que la fête de Noël soit belle en vous et autour de vous, que l’an neuf soit germes de Sagesse et de Paix !

Bernadette

LE QUOTIDIEN DE NOS HEROS ET DE NOS HEROINES

 

C’est un témoignage de reconnaissance à l’endroit du personnel soignant de l’hôpital Deo Gratias d’Emana vu mon expérience au quotidien.

L’hôpital Deo Gratias Emana a ouvert ses portes en janvier 2004 avec un effectif de 14 personnels ayant à sa tête un médecin gynécologue au service de tout l’hôpital, enfants et adultes pour 8 269 malades par an.

Dix-huit (18) ans plus tard, aujourd’hui donc, l’hôpital  encadre  92   personnels pour 16 703  malades par an avec les spécialités de priorités à savoir : gynécologie, pédiatrie, stomatologie, ophtalmologie, orthopédie. Premier hôpital Afrique Future Deo Gratias en importance (capacité d’accueil 70 lits, extensible à 75 lits) et deuxième en âge au Cameroun, l’hôpital deo Gratias d’Emana doit sa réussite non seulement à son personnel hautement qualifié mais aussi aux valeurs de compassion, de communauté et d’humilité impulsées par le Père Emmanuel.  A titre d’illustration je citerai cette parturiente qui a décidé spontanément de donner à son enfant le nom de MBOCK Mannuella, pour avoir vu le père Emmanuel (Fondateur de cette institution) simplement habillé et saluant au passage les malades. On peut croire qu’à sa suite, le personnel qui en a pris la graine a fait de l’hôpital un lieu où coule le lait et le miel, la maison du soulagement des souffrances pour parler comme PADRE PIO.

Il ya quelque chose de tout à fait spécifique aux hôpitaux Afrique Future Deo Gratias, c’est qu’ils tiennent compte des aspects sociaux, économiques et psychologiques dans la prise en charge des patients.

Quel que soit le service, le personnel travaille avec le même doigté, le même esprit, la même motivation tels les enfants d’un même père.

On peut ainsi apprécier le meneur du groupe Docteur BEKE gynécologue et médecin chef de l’hôpital. Il a impressionné et marqué les esprits par sa présence à l’hôpital dès 5 heures du matin du lundi au jeudi, disponible également la nuit à n’importe quelle heure en cas de besoin. Il s’est imposé cette discipline de travail afin de satisfaire sa clientèle d’environ trente-cinq  malades par jour.

Les matinées sont particulièrement chargées et les gardes extrêmement stressantes surtout quand deux ou trois urgences arrivent au même moment alors que les effectifs sont réduits. Quel que soit le cas, les malades venus en urgence dans la nuit bénéficient des soins médicaux efficients habituels.

La majorité du personnel connaît des journées à rallonge toujours avec des blagues, le sourire au bout des lèvres, la bonne humeur et les petits noms qu’ils se sont amicalement donnés (patriarche, toxoplasmose, nyadom, mon beau, ma’a laure, chef du village…). Tout ceci rend leur quotidien convivial.

Quand un personnel au-delà de ses problèmes personnels accourt au chevet d’un malade indigent pour donner de son sang alors que notre dépôt de sang est confronté à une grosse pénurie, on ne peut qu’être en admiration. Un merci tout particulier à toi notre sage-femme.

Très souvent, leur propre santé physique et mentale passe après celle des malades. J’en ai vu d’aucuns quitter leur lit de malade, sparadrap au bras pour venir en soutien à l’équipe débordée en période de circonstances exigeantes.

Combien de fois se sont-ils organisés pour offrir à manger ou payer en urgence la facture d’un malade abandonné par sa famille avant de transmettre le dossier à la hiérarchie ? Un jour, un malade a fait cette réflexion « l’hôpital Deo Gratias d’Emana est une grande famille extrêmement chaleureuse » d’ailleurs, il est reconnu être un hôpital « des sœurs».

C’est une véritable source de satisfaction de savoir qu’une parturiente quitte le Qatar pour venir accoucher à l’hôpital Deo Gratias Emana après avoir reçu un témoignage de bon accueil et de bonne prise en charge.

C’est également un sentiment de fierté de voir une femme mariée, âgée de trente-deux ans pleurer de joie, son premier bébé dans les bras au bout de deux mois d’hospitalisation à Deo Gratias d’Emana. Après échecs par cinq fausses couches vécues ailleurs, notre gynécologue a su poser le bon diagnostic (béance cervico-isthmique) ce qui a conduit au bon déroulement, au bon suivi et au bon aboutissement de cette grossesse précieuse.

Comment ne pas reconnaître la force d’âme et la force morale de ce personnel lorsque le grand Imam revient pour les remercier avec les « Kolas » signe de grand respect, il est arrivé avec son épouse une nuit en contexte de prééclampsie sévère sur grossesse à terme. Son épouse a été prise en charge sans qu’aucun sou ne lui ait été exigé préalablement. Il dira plus tard « Je ne savais pas qu’il existe dans cette ville la qualité d’hôpital ci où on te soigne et on ne te demande l’argent qu’après. Je n’avais même pas cinq francs dans ma poche. C’est mon frère qui a entendu mes lamentations et m’a conseillé de venir chez vous ». C’est désormais un slogan connu presque de tous : quand une vie est en jeu, on ne compte pas, on se lève et on agit en toute humilité et respect de la dignité humaine quelles que soient les circonstances.

Des témoignages de reconnaissance, il en existe bien d’autres. Il faudrait tout un bulletin pour les contenir.

Chers collègues et collaborateurs, vous faites un travail qui est exigeant tant sur le plan physique que sur le plan psychologique et je crois qu’il peut être difficile parfois de cerner et de reconnaître toute la complexité de votre travail, soyez fiers de qui vous êtes et de ce que vous accomplissez. Tous vos efforts et votre dévouement changent la vie des gens. Au-delà de vos actions héroïques je sais que parfois vous vous sentez découragés, impuissants, travaillant dans des conditions pas toujours optimales, quand le groupe électrogène tombe en panne en pleine nuit après avoir fonctionné pendant plus d’une semaine sans arrêt par manque d’électricité, quand de simples masques et des gants de soins doivent nous arriver en urgence de France parce qu’en rupture sur toute l’étendue du territoire ou encore, quand il vous manque des équipements adéquats pour une meilleure prise en charge des patients, nous comprenons.

Je suis pleine d’admiration pour vous. Merci de nous avoir amenés où nous en sommes. Vivent les moments de communion, vivent les moments de convivialité, vive Afrique Future Deo Gratias.

Madame NGO TIGYO Anne-Blandine

Directrice Déléguée de l’hôpital Deo Gratias d’Emana

ECHOS  du  « Centre hospitalier mère et enfant Deo gratias » d’Oliga

 

Le « Centre hospitalier mère et enfant Deo gratias »  situé au sein du quartier Oliga, un des quartiers très pauvres de Yaoundé, vise l’excellence en matière d’accueil et de soins  pour chacun et pour tous.

Il s’est amélioré cette année sur les trois plans, administratif, technique et social.

Au plan administratif, un comité de gestion interne 

réfléchit à un développement plus efficient de l’hôpital, au maintien aussi du standing « VIP » (qui permet d’ « équilibrer » les comptes …)

C’est ainsi que, depuis juin 2022, le comité interne a entrepris les réalisations suivantes :

La réhabilitation du service de néonatalogie dont l’humidité affectait déjà les murs.

Un accent particulier a été mis sur le service de chirurgie et sur le bloc opératoire afin de rendre fluides la succession des interventions chirurgicales de médecine générale, de césariennes et autres.

Le service d’ophtalmologie a été doté d’un technicien permanent et de trois médecins vacataires.

Le service de kinésithérapie a été ouvert ; il est suivi entre autres par un médecin spécialiste en rhumatologie pour la prise en charge des cas d’arthrose, de rhumatismes, etc.

Au plan technique

La périodicité mensuelle des réunions techniques est maintenue et l’on examinera mieux l’activité professionnelle du personnel de chaque service.

Au plan social

Une amicale du personnel, réitère l’esprit de véritable charité et le partage entre les personnels dans les moments de bonheur et de malheur en vue d’une ambiance harmonieuse.

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La propreté et le plateau technique de notre centre hospitalier étant très appréciés par les patients et par leurs gardes malades, le personnel s’attèle  à maintenir le standing de notre centre et à accentuer les efforts sur la ponctualité, la performance et l’amour du travail bien fait, ainsi que sur la qualité de l’accueil des patients et des relations générales aux malades.

Toute la « maison » s’allie et se réjouit particulièrement lorsque des situations graves se présentent.

Ainsi, le service de gynécologie, l’un des services les plus sollicités de notre centre hospitalier vient-il de sauver la vie d’une pauvre  jeune dame de 32 ans victime d’une rupture utérine dans un centre de santé de la place. Elle est arrivée presque morte dans notre centre hospitalier et les médecins gynécologues sont intervenus par une césarienne d’urgence plus une hystérectomie totale indiquée pour rupture utérine. Les services de maternité, de chirurgie et de bloc opératoire se sont associés  pour redonner le sourire à cette famille démunie.

Le Centre d’Oliga est de plus en plus connu et de mieux en mieux apprécié, un encouragement à persévérer !

Anne Félicité NGO LIKOBA

L’HOPITAL  DEO GRATIAS BOKO 

 

L’hôpital Catholique Deo Gratias Boko est situé dans la région du Littoral, Département du Wouri, Arrondissement de Douala 3, plus précisément à Kambo-Boko

Il a ouvert ses portes le 14 Décembre 2007, et il fut l’une des  premières réussites des hôpitaux Afrique Future en terme de fréquentation des malades avec une forte population environnante –  plus de 800 malades en moyenne mensuelle .

En 2014 l’hôpital entre dans une tourmente pour différentes raisons dont la principale réside dans la dégradation catastrophique des rues d’accès. Elle s’est associée à l’instabilité des médecins spécialistes (pédiatres, gynécologues) sur-sollicités et à la prolifération de petits kiosques de soi-disant soins vendeurs aussi de soi-disant médicaments. Un litige foncier –au Cameroun, l’on construit sans vergogne sur le terrain du voisin – a créé une ambiance délétère dans le quartier bien qu’Afrique Future n’ait pas fait exécuter le jugement qui disait détruire les maisons « illégales ».

2021- 2022  furent des années de relance de nos activités et de mobilisation dans le sens de la sensibilisation des populations à des soins sérieux. Complémentairement, nous avons procédé à l’amélioration devenue indispensable des moyens techniques – renouvellement d’une grande partie du plateau technique de la maternité et ajout de matériel au laboratoire.

Boko est devenu essentiellement un hôpital « mère-enfant ». Si les consultations prénatales s’y font régulièrement, les accouchements sont moins nombreux en raison précisément de l’état plus que déplorable des voies d’accès.  En fait, l’hôpital reçoit quasi exclusivement les accouchements problématiques.

En médecine générale, les maladies les plus récurrentes restent le paludisme et la typhoïde, en chirurgie, l’on intervient pour hernies et césariennes.

Le Père Emmanuel a engagé, sans réponses positives à ce jour, de multiples demandes de réhabilitation de la chaussée.

Nous continuons à espérer dans l’intérêt des populations –intérêt semble-t-il  bien compris par A.F. uniquement – !

ILS ONT ECHAPPE A LA MORT IN EXTREMIS

 

L’hôpital Catholique Deo Gratias de Douala PK10 a su mener à bien deux situations médicales d’un particularisme rare. La première est celle d’un septuagénaire accidenté ne présentant apparemment qu’une douleur lombaire et dont la vie a été sauvée in extremis, situation qu’a causée la négligence totale des recommandations médicales d’urgence faites au fils qui en avait la responsabilité. La deuxième situation est celle d’une interruption volontaire de grossesse non médicalement assistée ayant failli entraîner le décès de la jeune femme. Cette vie aura été sauvée également in extremis.

La vie sauvée du septuagénaire accidenté

Communément, on imagine mal qu’une personne âgée connaisse une situation accidentelle engageant son pronostic vital à feux doux. Or, cette situation s’est présentée.

Un homme âgé de 73 ans s’est rendu à notre hôpital de Douala PK10 au courant du mois de juin 2022, accompagné par celui de ses enfants porté garant. Le père se plaignait d’une douleur lombaire sans précision aucune de sa cause. Le patient est examiné immédiatement et le médecin constate une paralysie faciale et une tuméfaction de l’épaule gauche. Ces dommages résultaient pour une part d’une chute avec réception sur l’hémicorps gauche., ils conduisaient par l’autre part à une suspicion clinique d’AVC. Un scanner cérébral et une radiographie de l’épaule sont demandés d’urgence.

Après un entretien avec le fils celui-ci déclare au médecin : « je ne suis pas venu à l’Hôpital pour la tête et l’épaule, mon père est tombé et a mal au dos, c’est la radiographie du dos que je suis venu faire ».

Malgré l’insistance du médecin, le fils décide de la radiographie lombaire. Elle dira discopathie. Le médecin fait aussitôt une prescription médicamenteuse et réitère au fils la nécessité d’un scanner dans la semaine. Les deux quittent les lieux.

Trois semaines plus tard, le scanner n’ayant toujours pas été fait, l’homme revient accompagné de ses frères, présentant le père dans un état plus alarmant qu’auparavant. Il ne marche plus, on le porte et il respire à peine. Le fils supplie « sauver mon père » et fond en larmes.

Admis immédiatement en salle d’urgence, ses paramètres vitaux sont imprenables. Le médecin conclut à un état de choc et prescrit un traitement d’urgence. Une trentaine de minutes plus tard, le septuagénaire est stabilisé et retrouve son autonomie fonctionnelle. Il parle de nouveau, respire normalement, et sourit au personnel soignant.

Après de longs remerciements, les enfants s’en vont avec leur père qui marche seul.

Le sens du devoir et le professionnalisme du personnel de l’hôpital auront permis sauver une vie malgré les circonstances contraires.

Une interruption volontaire de grossesse aux apparences de suicide

La grossesse est un bonheur pour les unes, un problème pour les autres et l’on vient à se demander comment l’on pourrait sensibiliser les jeunes filles mais aussi les garçons au recours à la contraception quelle qu’elle soit. Si donc l’on pouvait éviter les situations désespérées telles que celle de cette jeune femme coiffeuse qui vit avec son frère aîné et qui se trouve être enceinte.

Sa situation sociale, l’amène à pratiquer seule son interruption volontaire de grossesse. Son état de santé se dégradant considérablement, elle confie vaguement à l’une de ses sœurs, puis à son frère : « je saigne depuis plus d’une semaine. »

Le frère aîné connaissant notre hôpital PK10, il le contacte aux environs de 20 heures en demandant quelle médication arrêterait les saignements de sa sœur.

Le médecin de garde lui répond qu’un tel saignement est anormal et qu’il relève d’une urgence intra-hospitalière qu’il demande.

Pour la rapidité de la prise en charge, l’équipe est mobilisée sans délais, la banque de sang est contactée. L’arrivée de la malade tardant, le médecin s’enquiert des raisons en rappelant le frère qui répond « on est en route et elle se fatigue trop ; comme on la bouge, elle continue de saigner ».     Vers 22 h. ils arrivent enfin à l’hôpital et le diagnostic tombe.

Il s’agit d’un avortement septique compliqué d’anémie sévère sur terrain d’infection à VIH de découverte récente. Sans verser préalablement un centime, elle reçoit les soins nécessaires. (Dans les structures non « A.F. », les soins sont dispensés sous condition de paiement préalable).

Le lendemain matin, la jeune femme avait repris des couleurs. Sa vie a été sauvée in extremis.  Après six jours d’hospitalisation, la jeune fille paye complètement sa facture et quitte l’hôpital gaillardement, telle une miraculée.

La vie donne des leçons à qui veut bien les recevoir. Si les deux personnes s’étaient trouvées isolées, dans l’impossibilité de contacter un hôpital, l’on parlerait d’elles au passé aujourd’hui.

Dans nos hôpitaux, nous sommes heureux d’accueillir chaleureusement et dignement les patients qui consultent en état d’urgence trop souvent en raison de leur situation matérielle. Oui ! Nous sommes heureux de privilégier la vie non l’argent, une quasi exception dans notre pays.

                                                                 « Aimer – Guider – Construire » …

 Docteur GWOS Laurentine

Médecin Chef de l’Hôpital Catholique Deo Gratias de PK 10

Le service des APPS au collège catholique deo Gratias Emana

Année scolaire 2022/2023

Définition d’APPS 

Créée par la loi de l’orientation scolaire de 1979 en République du Cameroun, APPS  (Activités Post et Périscolaires) renvoie à l’ensemble des activités socio-éducatives, ludiques et récréatives menées en-dehors des heures de cours.

A DEO GRATIAS, nous avons lancé, les APPS le 23 octobre par les élections du bureau de la coopérative scolaire. Se présentaient à la présidence, une fille de 2ndA et un garçon de 1ère A4. BOHEMOUE MEME Armel Cathy  l’a emporté par 278 voix contre 144 pour NWOUTUE NGATE ALAN, le candidat malheureux de 1A4. L’an passé déjà une fille présidait la coopérative, preuve s’il en faut une que la jeune fille prend aujourd’hui pleinement sa place dans la société. Le bureau de la coopérative se compose d’ailleurs de 64.70 % de filles et de 35.29 % de garçons.

La présidente a placé la coopérative sous le Slogan : « Sachons associer l’utile à l’agréable en vue d’un épanouissement total durant notre séjour à Deo Gratias »

 

Mais que signifie concrètement la Coopérative scolaire et quelles sont ses missions ?

S’inscrivant dans les fonctions du complexe scolaire et dans son esprit, la coopérative assure l’organisation des animations sportives et culturelles, du travail manuel, des fêtes, des sorties…

Elle est l’occasion de progresser dans la maturité, elle sensibilise à la préservation du patrimoine et des traditions, elle laisse se révéler des talents sportifs, artistiques et autres, elle initie à communiquer en public.

Les APPS se déploient cette année via 9 clubs scolaires – réunions le mercredi entre 13 h.20 et 16 h.20,

Le Club philosophique (Président : BEYALA TSANGA TLe A) dont la devise : « Le Cogito Ergo Sum » (Je pense donc je suis)

Le Club Science Vie et Santé (Présidente : YEBGA Cécile TLeD) dont la devise « Un environnement sain, pour un esprit sain dans un corps sain. »

Le Club d’anglais (Président : ZIBI Atangana TLeD) dont la devise : « The club of gentle Men »

Le Club informatique 🙁 Présidente DJAMAL PC)

Le Club Chorale (Présidente : TSELE EBODE TLeA) dont la devise « Bien Chanter pour prier deux fois »

Le Club Journal et littérature (Présidente NGUIDJOE TLeA) dont la devise « Vous viendrez par curiosité et y resterez par nécessité »

Le Club Majorette (Présidente : MEYIA Ségolène 2ndC) dont la devise « L’élégance et la beauté au service de l’éducation

Le Club Ballet et Danse Traditionnelle (Présidente : NGONO SUZY TleA) dont la devise : « Danser, c’est éveiller l’esprit »

Le Club J.E.C (Présidente MESSINA AYISSI 2ndA) dont la devise : « Avec la J.E.C nous construirons un monde meilleur »

Depuis la rentrée, nous avons vécu deux événements,

le 16 novembre, la journée mondiale de philosophie, « Philosophie et Emergence de la Cité ».

Le père fondateur, la directrice générale et bien d’autres invités nous ont fait le grand plaisir de leur présence !  La philosophie est un art de vivre. Dès lors, elle doit aider l’humanité à s’affranchir des pseudo-valeurs, pour promouvoir un monde authentique et vivable.

– le 28 octobre, la journée mondiale de lutte contre le SIDA dont le thème était :« Zéro MST, Zéro SIDA, non à la stigmatisation et oui à l’amour. ».

Le Dr Beke, médecin-chef à Emana, Sandrine l’une de nos sages-femmes, l’abbé Joseph Bikoula,  un parent d’élève et un jeune enseignant en biologie ont mené les débats et ont sensibilisé les apprenants aux risques des MST. Ils ont attiré l’attention aussi sur la bienveillance dont doivent bénéficier les malades du SIDA. La journée a été belle et riche d’enseignements.

Le service des APPS au collège catholique DEO GRATIAS tente également d’atteindre les autres maillons de la communauté éducative, notamment les parents.

Le chef service des APPS

Lauriant Piccard Nguidjoe, Enseignant de philosophie

LE PONT DE MAHINDE EMPORTE PAR LES EAUX

 

 NLÓÑ U ÑAD BOD, U ADAG MATEN, U ADAG MA MBÓG, DIT UN PROVERBE BANTOU, SIGNIFIANT QUE LA ROUTE UNIT LES HOMMES, LES PEUPLES, LES UNIVERS.

En septembre, les populations de l’Arrondissement de Dibang peaufinent avec joie les préparatifs de rentrée scolaire mais voici que, le 3 septembre 2022, l’effondrement du « pont » reliant Dibang à Ngodi-Si jette la consternation. Comment les jeunes se rendront-ils au complexe scolaire de Ngodi-Si, comment les activités agricoles et économiques diverses se vivront-elles ? L’impossibilité d’accéder aux champs est hors d’imagination, l’absence de clientèle fera mourir les petits commerces.

Au retour des champs, les femmes rapportent la terrible nouvelle. La grande buse qui enjambait la Mahindè, rivière mitoyenne de Ngodi-Si et de Dibang a cédé à la puissance des eaux. Un trou béant de trois mètres sur huit !  Les larmes arrosent la colère mais d’où et quand viendra la réparation ?

Des hommes se sont empressés autour d’une solution provisoire par la mise en place de planches mais les taxis motos ou voitures hésitent et les conséquences ne tardent pas. Les effectifs de l’école, notamment, ont drastiquement baissé

L’élite politique prépare sa démagogie habituelle mais les villageois savent que « à force de piailler, le perroquet a oublié son cerveau » et la construction d’un pont serait plus éloquente que ne l’est la parade prétendue compatissante des grosses cylindrées.

Reste le conseil de la mère poule « mil maleb u be¨ngègè ¨ngii » – avale ton eau en levant les yeux vers le ciel et les populations se tournent vers Dieu. « ¨Ngii i ntèmbèl bee », le ciel ne ment pas dit notre sagesse ancestrale. St-Augustin la complétera – « Aide-toi, le ciel t’aidera ».

Loin de la politique politicienne, des hommes se tiennent les coudes, autrement dit se serrent comme les traverses d’une charpente. L’équipe se constitue concrètement, qui apporte une planche, qui un chevron, qui une machette, qui sa disponibilité et ses expériences. Solidarité devient le maître-mot.

Aujourd’hui, quelques motards bravent le passage et les élèves ont retrouvé le chemin de l’école mais les véhicules sont contraints à un détour très long, fastidieux et couteux. C’est dur mais « on y va ». « Ndudu i ntina yi », pour dire que la peine assagit.

Les démarches du Père Emmanuel afin d’obtenir la construction du pont par le gouvernement ont avancé suffisamment pour garder espoir.

Bayigbedeg Albert Florand,

Principal Délégué du collège

LA VIE 2022 EN AFRIQUE FUTURE Allemagne, France, Canada

 

EN AFRIQUE FUTURE Allemagne

L’action annuelle des « Rois Mages » s’est effectuée quasi par téléphone en raison des dispositions sanitaires. Elle a rapporté la coquette somme de 15.050 euros.

Une maison de retraite a offert 60 chaises qui ont voyagé dans le conteneur.

En octobre, a eu lieu la journée A.F. à Kork – messe célébrée par le Père Emmanuel puis repas.

Theresia a tenu stand au marché de Noël à Willstätt

Roland a fabriqué des anges en morceaux de bois. Il les a vendus et a obtenu un don d’un groupe musical soit environ 1000 euros.

 

EN AFRIQUE FUTURE France

En janvier, toujours masqués, nous avons proposé une vente de choucroute à emporter que M. et Mme Eckert ont offerte selon leur habituelle générosité.

En février, nous avons expédié un conteneur que M. Portmann nous a permis gracieusement de charger dans ses locaux. Pour des raisons de qualité et de prix, Françoise prospecte en Europe du matériel d’ophtalmologie, d’anesthésie outre  sondes, moniteurs, bistouris… Profitant de l’occasion, nous y avons ajouté, entre bien d’autres éléments,   20 ordinateurs de bureau et 40 tables d’école offerts par le Rotary de Schopfheim outre 9 machines à coudre restaurées par Michel. L’association suisse HIOB a expédié de son côté du mobilier hospitalier et du matériel, que nous achetons d’occasion et en très bon état.

En mars, malgré l’absence du Père Emmanuel que le covid retenait au Cameroun, nous avons réussi à rentabiliser notre stand à la foire de Waldighoffen, où M. Heinis  nous offre généreusement un espace chaque année.

En octobre, nous avons fêté A.F. à Pfastatt où le Père Emmanuel a célébré la messe avant le repas offert par M. et Mme Eckert. L’ambiance y était chaleureuse et la musique a suscité quelques pas de danse. Nous avons proposé sapins de Noël, étoiles, housses de coussins fabrication Daniel-Michel-Béatrice, nous a rejoints Rachel qui crée et qui vend pour A.F. de très jolies cartes postales.

En novembre,  nous avons réitéré notre action champagne «Anita» qui fidélise de plus en plus de clients

Début décembre, Daniel et Michel ont travaillé fort pour dresser un stand beau et fourni au marché de Noël d’Oltingue (produits exposés déjà à Pfastatt outre de grands sapins en bois construits par Hervé) Malheureusement, le foot, le froid et la pluie ont dissuadé les  éventuels clients.

 

AFRIQUE FUTURE Canada

fonctionne par actions moins fréquentes mais de plus grandes envergures procurant une contribution financière importante.

 

Il est émouvant de considérer combien l’union de volontés individuelles parvient à faire vivre et prospérer de grands projets !

 

 

« C’est qui, ça ? »

 

« C’est qui,  ça ? » me demande un jeune patient de 6 ans qui relève la photo d’un groupe d’enfants  sur le bulletin « Afrique Future » posé sur le bureau. Sa question me bouleverse, je voudrais répondre et partager mon émotion mais sa mère répond : « ce sont des enfants qui n’ont pas la chance d’avoir tout ce que tu as et qui, eux, sont contents d’aller à l’école ». Aïe !

Tout,  ainsi,  serait dit ?

Je demande à l’enfant : « que remarques-tu sur la photo ? »

Il sourit, il regarde sa mère et il dit sans hésiter « le sourire des enfants ».

Son regard est lumineux. Des yeux qui écoutent ouvrent  la relation. Je reprends la question première et y réponds  simplement sans éluder ni la souffrance ni la pauvreté des populations. Ses yeux expriment alors un « Oh !! Hein ? Ahhhh ?? ».

J’ai ouvert une brèche, elle libère les yeux,  elle dilate le cœur et elle suscite la lucidité. Pas de triche !!

Oui, les enfants de la photo sourient… au photographe…

Authenticité et réalisme en nos temps riches de mirages !

 

Maître Eckhart note dans ses Entretiens Spirituels «  si quelqu’un était dans un ravissement comme le fut Saint Paul et qu’un malade attendait de lui un peu de soupe, je tiendrais pour préférable qu’il sorte de son ravissement et qu’il serve le nécessiteux dans un plus grand amour ».

 Restaurons une charité pétillante, donnons et recevons la Joie !

Marie-Noëlle Meyer-Weiss